Read The Running Man Online

Authors: Richard Bachman

Tags: #Fiction, #Horror, #Thrillers, #General, #sf

The Running Man (25 page)

BOOK: The Running Man
2.07Mb size Format: txt, pdf, ePub
ads

— Allez-vous me dicter ma stratégie, capitaine ?

— Non, mais...

— A l’ouest, répéta Richards sèchement.

Newark disparut derrière eux.

— Vous êtes fou, dit McCone. Ils vont nous réduire en bouillie.

— Avec vous et cinq autres personnes innocentes à bord ? Cet honorable pays ferait cela ?

— Ce sera une erreur, dit McCone avec rudesse. Une erreur programmée.

— Vous ne suivez donc pas le
Rapport sur l’Etat de la Nation
 ? lui demanda Richards en souriant. Nous ne faisons jamais d’erreurs. Nous n’avons pas commis une seule erreur depuis 1950.

Autour de l’avion, à perte de vue, c’était la nuit totale.

— Vous ne riez plus, constata Richards.

Compte à rebours... 018

Une demi-heure plus tard, la voix de Holloway, plus du tout apeurée, annonça à l’intercom :

— Richards ! Harding nous informe que la Fédération des Jeux va émettre en haute intensité dans notre direction. On m’a précisé que vous ne regretterez pas d’ouvrir le Libertel qui se trouve devant vous.

— Merci, capitaine.

Il regarda le petit écran encastré dans le dos du fauteuil et avança la main, puis la retira soudain comme s’il s’était brûlé. Une effroyable impression de déjà vu s’empara de lui. Comme si tout recommençait. Sheila, avec son visage mince et exténué ; l’odeur de chou venant de la porte de Mme Jenner ; les braillements du Libertel ;
Le Moulin de la fortune
...
Nagez avec les crocos
... ; les pleurs et les cris de Cathy. Et il n’aurait jamais d’autre enfant, même s’il pouvait recommencer sa vie à zéro. Cathy avait déjà été un miracle, une chance inouïe.

— Allumez-le, dit McCone. Ils vont peut-être nous... vous proposer un marché...

— Ta gueule, rétorqua Richards.

Il attendit, pendant que la peur l’emplissait comme du plomb. Toujours ce curieux pressentiment. Il avait très mal. Depuis qu’il avait frappé sa blessure, elle s’était remise à saigner. Il avait aussi l’impression que ses jambes devenaient insensibles. Il n’était même pas sûr de pouvoir terminer cette farce, le moment venu.

Les dents serrées, Richards se pencha en avant et appuya sur le bouton MARCHE. Instantanément, une image d’une incroyable netteté apparut. Le visage patient qui emplissait l’écran était très noir et très familier. Dan Killian. Assis à un bureau ovale en acajou frappé de l’emblème des Jeux.

— Tiens, tiens..., dit Richards à voix basse. Bonjour.

Il tomba presque de son fauteuil lorsque Killian se redressa et dit en souriant :

— Bonjour à vous, monsieur Richards.

Compte à rebours... 017

— Je ne peux pas vous voir, dit Killian, mais grâce au système sono de l’avion, relié à l’émetteur du cockpit, je vous entends. On m’a dit que vous étiez blessé ?

— C’est moins grave que ça n’en a l’air. Je me suis pas mal égratigné dans les bois.

— Bien sûr ! Votre fameux trek dans la forêt, que Bobby Thompson a immortalisé ce soir même – ainsi, bien sûr, que votre tout dernier exploit. Demain, ces bois seront pleins de gens à la recherche d’un lambeau de chemise, voire d’une douille.

— Dommage. J’avais vu un lapin.

— Ecoutez, Richards, nous n’avons jamais eu un concurrent comme vous. Grâce à une combinaison d’habileté et de chance, vous êtes le premier – le meilleur de toute l’histoire du Jeu. Un homme si remarquable, en fait, que nous vous proposons un marché.

— Un marché ? Une exécution télévisée en direct ?

— Le détournement de l’avion était très spectaculaire, mais c’était une erreur. Vous savez pourquoi ? Parce que, pour la première fois, vous vous êtes éloigné des vôtres. Même cette femme qui vous protège : vous croyez qu’elle est de votre bord, mais c’est faux. Elle-même le croit peut-être, mais elle se trompe. Dans cet avion, vous êtes isolé, Richards. Vous êtes enfin à notre merci.

— Un tas de gens ne cessent de répéter ça, et je suis toujours en vie.

— Depuis deux heures, vous n’êtes en vie que grâce au bon vouloir de la Fédération des Jeux. Autrement dit, grâce à moi. J’ai réussi à obtenir une majorité pour vous proposer ce marché, face à une forte opposition de la vieille garde. C’était sans précédent, mais j’ai pu imposer mes vues. Vous m’aviez demandé qui vous pourriez tuer en montant au sommet. Eh bien, moi, par exemple. Cela vous surprend, Richards ?

— A vrai dire, oui. Je vous prenais pour le domestique noir.

Killian éclata de rire, mais c’était un peu forcé ; l’on sentait la tension qui l’habitait, la tension d’un homme qui joue gros.

— Voici ce que je vous propose, Richards. Faites atterrir l’avion à Harding. Une limousine de la Fédération vous attendra à l’aéroport. Il y aura un simulacre d’exécution – et nous vous accueillerons dans notre équipe.

McCone poussa un cri de rage.

— Salopard de négro !

Amélia Williams était au comble de la stupéfaction.

— Bien, approuva Richards. Je savais que vous étiez fort, Killian, mais là, vous vous êtes surpassé. Vous auriez fait un excellent vendeur de voitures d’occasion.

— McCone aurait-il eu cette réaction si je mentais ?

— McCone est un excellent acteur, répondit Richards. A l’aéroport, il m’a fait un petit numéro qui aurait mérité un oscar.

Pourtant, il était troublé. McCone ordonnant à Amélia d’aller servir le café alors qu’elle paraissait sur le point de faire sauter le Black Irish. Son antagonisme constant. Cela ne collait pas... ou bien si ? Il ne savait plus.

— Vous avez pu arranger tout ça à son insu, dit-il. En comptant sur sa réaction pour que cela ait l’air plus convaincant.

— Allons, Richards. Vous avez fait
votre
petit numéro avec l’explosif Dynacore. Nous savons ― c’est une certitude ― que c’est du bluff. Mais il y a sur ce bureau un petit bouton rouge qui n’est pas du bluff. Il me suffit d’appuyer dessus pour que, vingt secondes après, votre avion soit détruit par un missile surface-air Diamond-back armé de têtes nucléaires propres.

— Le Black Irish est bien réel, dit Richards.

Mais il avait un mauvais goût dans la bouche. Son bluff tournait à l’aigre.

— C’est absolument exclu. Il est impossible de monter à bord d’un Lockheed G-A avec un explosif de ce type sans déclencher l’alarme. L’appareil est équipé de quatre détecteurs indépendants : un pirate de l’air n’a aucune chance de passer inaperçu. Un cinquième se trouve dans le parachute que vous aviez demandé. Je puis vous assurer que, dans la tour de contrôle de Voigt Field, tous les yeux étaient fixés sur les témoins lumineux. De l’avis général, vous aviez réellement l’explosif. Compte tenu de l’ingéniosité dont vous aviez témoigné depuis le début, cela paraissait une supposition raisonnable. Vous pouvez imaginer avec quel soulagement nous avons constaté qu’aucun des témoins ne s’allumait. Je suppose que vous n’avez pas eu l’occasion de vous en procurer. Ou bien vous y avez pensé trop tard. Peu importe d’ailleurs. Cela n’améliore évidemment pas votre situation, mais...

McCone apparut soudain aux côtés de Richards.

— Et on y va ! s’écria-t-il avec un sourire féroce. C’est là que je te fais sauter la cervelle, petite ordure !

Il pointa son pistolet sur la tempe de Richards.

Compte à rebours... 016

— Si vous faites cela, vous êtes mort, dit Killian.

McCone hésita, recula d’un pas et regarda le Libertel avec incrédulité. Ses traits s’affaissèrent ; il fit de vains efforts pour parler, puis réussit à articuler, d’une voix tremblante de rage et de frustration :

— Je peux le liquider. Ici même, sans attendre. Nous serions tous hors de danger. Nous...

— Vous n’avez jamais été en danger, espèce d’imbécile, dit Killian d’un ton las. Et si nous avions voulu le liquider, comme vous dites, Donahue s’en serait chargé.

— Cet homme est un criminel, un anarchiste ! Il a tué des policiers ! Il a volé, pris un otage, détourné un avion ! Il... il m’a humilié en public, il a insulté ma fonction...

— Asseyez-vous, cracha Killian d’une voix aussi glaciale que l’espace interplanétaire. N’oubliez pas qui vous paie.

— Je porterai l’affaire devant le président du Réseau ! rugit McCone, la bave aux lèvres. On vous renverra dans les champs de coton, sale nègre ! On verra qui...

— Lâchez immédiatement ce pistolet, intervint une nouvelle voix.

Surpris, Richards se retourna. C’était Donahue, le navigateur, plus froid et inquiétant que jamais. Il tenait négligemment un pistolet-mitrailleur Magnum/Springstun.

— Robert S. Donahue, officier en service actif, police des Jeux. Lâchez cette arme.

Compte à rebours... 015

McCone le regarda pendant une longue seconde avant de jeter le pistolet sur l’épaisse moquette.

— Vous...

— Assez de discours pour aujourd’hui, dit Donahue. Retournez en seconde et asseyez-vous comme un gentil garçon.

McCone recula de plusieurs pas, avec un rictus qui découvrait ses dents. Il ressemblait à un vampire frustré, vaincu par une croix ou une gousse d’ail, comme dans les vieux films d’épouvante.

Lorsqu’il eut disparu derrière les rideaux, Donahue salua ironiquement Richards du canon de son pistolet.

— Il ne vous embêtera plus, maintenant.

— Tant mieux. Mais vous ressemblez toujours autant à un chasseur de pédés.

Le sourire moqueur s’évanouit. Donahue le regarda un moment avec une indifférence à laquelle se mêlait peut-être un rien de répugnance, mais regagna le cockpit.

Richards fit face à l’écran. Son pouls était resté parfaitement régulier ; son souffle n’était pas plus court que de coutume ; ses jambes n’étaient pas de coton. « Décidément, se dit-il, on s’habitue à tout, même à la mort. »

— Vous êtes là, monsieur Richards ? demanda Killian.

— Je suis là.

— Le problème est réglé ?

— Oui.

— Parfait. Revenons-en à ce que je disais.

— Si vous voulez.

Killian soupira.

— Je disais donc que nous savons que vous bluffez. Cela n’améliore pas votre situation. Par contre, cela améliore notre crédibilité. Vous comprenez pourquoi ?

— Oui, dit Richards avec indifférence. Cela signifie que vous auriez pu abattre cet avion n’importe quand. Ou bien ordonner à Holloway de le poser n’importe où. McCone se serait chargé de moi.

— Exactement. Vous me croyez, lorsque je dis que nous
savons
que vous bluffez ?

— Non. Mais vous êtes plus fort que McCone. L’idée de faire intervenir votre larbin déguisé en navigateur était assez amusante.

Killian éclata de rire.

— Vous me plaisez de plus en plus, Richards. Vous êtes un oiseau si rare, si chatoyant...

De nouveau, sa gaieté paraissait forcée. Richards eut l’impression que Killian lui cachait quelque chose ; plus précisément, qu’il retardait le moment de lui donner une information qu’il aurait préféré lui cacher.

— Si vous l’aviez vraiment, vous auriez tiré sur l’anneau lorsque McCone a pointé son pistolet sur vous. Vous saviez qu’il allait vous tuer. Pourtant, vous n’avez rien fait.

Richards comprit que c’était terminé. Ils savaient, sans l’ombre d’un doute. Le sardonique et perspicace Killian devait être ravi. En tout cas, s’ils voulaient voir sa carte cachée, il le leur ferait payer.

— Racontez ce que vous voulez. Si vous me poussez à bout, tout saute.

— Vous ne seriez pas l’homme que vous êtes si vous ne jouiez pas le jeu jusqu’au bout. Donahue ?

La voix précise et dénuée d’émotion de celui-ci se fit aussitôt entendre au télécom :

— A vos ordres.

— Pourriez-vous regagner la cabine et prendre le sac de Mme Williams dans la poche de M. Richards ? Mais pas de brutalités, je vous prie.

— A vos ordres.

Son ton mécanique rappela à Richards le bruit des machines qui perforaient sa carte au Q.G. des Jeux.
Clataclac-clic.

Donahue apparut et s’avança vers Richards. Son visage lisse était parfaitement vide. Le mot
programmé
s’imposa à l’esprit de Richards.

— Doucement, mon joli, dit Richards en bougeant un peu la main enfoncée dans sa poche. Votre patron ne risque rien, là-bas. C’est vous qui allez vous retrouver sur la lune.

Son pas hésita un bref instant, et il cilla involontairement, mais il continua à avancer, aussi calme que s’il faisait une promenade sur la Côte d’Azur... ou s’il s’approchait d’un homosexuel affolé, tapi au fond d’une impasse.

Que faire ? Sauter en parachute ? Difficile. S’enfuir ? Où ? Il ne pouvait pas aller plus loin que les toilettes des troisièmes, tout au bout de l’avion.

— On se reverra en enfer, dit-il sans élever la voix, tout en faisant le geste de tirer.

Cette fois, la réaction fut un peu plus satisfaisante. Donahue se protégea le visage des deux mains, dans un geste instinctif aussi ancien que l’humanité. S’apercevant qu’il était toujours du monde des vivants, il baissa les bras ; son visage exprimait un vif embarras, mêlé de colère.

Richards sortit le sac à main d’Amélia de sa poche crasseuse et déchirée et le lança en direction de Donahue. Sur le torse de ce dernier, le sac retomba au sol, pareil à un oiseau mort.

La main de Richards était luisante de sueur. Elle lui parut toute blanche et étrangère. Donahue se baissa pour ramasser le sac et, sans même le regarder, le tendit à Amélia. Richards ressentit une absurde nostalgie. Tout de même, c’était un peu comme s’il perdait un vieil ami.

— Boum ! dit-il à voix basse.

Compte à rebours... 014

— Votre gars est très fort, dit Richards avec lassitude lorsque Donahue se fut retiré. J’ai réussi à le faire broncher un poil, mais j’espérais qu’il mouillerait son froc.

Ses yeux lui jouaient des tours ; par moments, il avait l’impression de voir double. Il se tâta prudemment le flanc. La blessure ne saignait presque plus.

— Et maintenant ? demanda-t-il. Ferez-vous mettre des caméras à l’aéroport pour que le pays entier voie comment on règle son compte à un desperado ?

— Et maintenant, susurra Killian, parlons du marché que je vous propose.

Son visage s’était assombri. Ce qu’il cachait n’était manifestement pas loin sous la surface. Richards sentit de nouveau l’angoisse lui tordre les tripes. Littéralement. Il aurait voulu éteindre le Libertel. Ne plus rien entendre. Ne pas savoir.

BOOK: The Running Man
2.07Mb size Format: txt, pdf, ePub
ads

Other books

THE DREAM CHILD by Daniels, Emma
Enemy of Oceans by EJ Altbacker
Across Frozen Seas by John Wilson
The Ambitious Madame Bonaparte by Chatlien, Ruth Hull
The Dead Mountaineer's Inn by Arkady Strugatsky
Those in Peril by Margaret Mayhew


readsbookonline.com Copyright 2016 - 2024