Read The Running Man Online

Authors: Richard Bachman

Tags: #Fiction, #Horror, #Thrillers, #General, #sf

The Running Man (3 page)

Deux flics postés à la sortie de l’ascenseur leur indiquèrent le numéro de leur lit. Richards eut droit au 940. Il y avait une couverture marron et un oreiller très plat. Richards s’allongea et fit tomber ses chaussures au pied du lit. Ses pieds dépassaient, mais c’était irrémédiable.

Il croisa les bras sous la tête et s’abîma dans la contemplation du plafond.

Compte à rebours...
094

A 6 heures du matin, une sonnerie stridente le tira du sommeil. D’abord tout désorienté, il se demanda ce qui lui arrivait ; Sheila avait-elle acheté un réveil ? Il ouvrit les yeux et revint au présent.

Par groupes de cinquante, ils allèrent dans une immense salle de toilette, où chacun montra sa carte à une caméra gardée par un policier. Richards entra dans une cabine au carrelage bleu, qui contenait une douche, un lavabo, un miroir et des toilettes. Sur la tablette placée au-dessus du lavabo il y avait plusieurs brosses à dents enveloppées de cellophane, un rasoir électrique, une savonnette et un tube de dentifrice entamé. Une petite pancarte glissée dans un coin du miroir disait : RESPECTEZ CES BIENS ! Au-dessus, quelqu’un avait gribouillé : JE NE RESPECTE QUE MON CUL !

Richards prit une douche, s’essuya avec une des serviettes empilées sur la chasse d’eau, se rasa et se brossa les dents.

Ils furent conduits à une cafétéria où ils durent de nouveau montrer leur carte. Richards prit un plateau et le poussa sur le comptoir en inox. On lui servit un petit carton de corn-flakes, une assiettée de frites graisseuses, une portion d’œufs brouillés, un toast froid et dur comme le marbre, un verre de lait, une tasse de café boueux, un sachet de sucre et un autre de sel, et un cube de succédané de beurre sur un carré de papier huileux.

Il avala goulûment le repas ― comme tous les autres. Il ne se souvenait même plus d’avoir mangé autre chose que les pilules alimentaires distribuées par le gouvernement, ou de temps à autre une portion de pizza aux graillons. Enfin de la vraie nourriture ! Mais elle était curieusement insipide, comme si un vampire avait absorbé toute la saveur pour ne laisser que des protéines et des hydrates de carbone bruts.

Que mangeaient-
elles
ce matin ? Des pilules aux algues, du lait synthétique pour le bébé... Il sentit le découragement l’envahir. Toucheraient-elles jamais de l’argent ? Demain ? La semaine prochaine ? Ou bien tout cela n’était-il qu’un mirage, un arc-en-ciel chatoyant avec rien au bout ?

Il resta à fixer son assiette vide jusqu’à la sonnerie de sept heures. Les hommes se levèrent et gagnèrent l’ascenseur.

Compte à rebours...
093

Au troisième étage, le groupe de cinquante dont Richards faisait partie fut conduit dans une salle longue et nue. Des fentes ressemblant à des boîtes aux lettres étaient pratiquées dans le mur de droite.

Un grand homme mince, aux cheveux clairsemés, portant l’emblème des Jeux (une torche avec la silhouette d’une tête humaine, en surimpression) sur sa blouse blanche, annonça :

— Déshabillez-vous, s’il vous plaît, et retirez tous les objets de valeur de vos poches. Ensuite, jetez vos vêtements dans une des bouches de l’incinérateur. Vous allez recevoir des combinaisons officielles. (Il eut un sourire magnanime.) Vous pourrez les garder quelle que soit la décision finale du Conseil.

Il y eut quelques protestations étouffées, mais tous s’exécutèrent.

L’homme tapa à deux reprises dans ses mains, comme un instituteur de village annonçant la fin de la récréation.

— Dépêchons-nous ! Nous avons encore beaucoup à faire aujourd’hui !

— Vous allez également participer aux Jeux ? lui demanda Richards.

L’homme le regarda avec la stupéfaction la plus totale. Derrière eux, quelqu’un ricana.

— Peu importe, dit Richards en ôtant son pantalon.

Il garda ses objets de valeur dénués de valeur et jeta les vêtements dans une des fentes ; il vit, tout en bas, une flamme avide les engloutir.

La porte située à l’extrémité de la salle s’ouvrit (il y avait
toujours
une porte à l’autre bout ; ils étaient comme des rats pris dans un labyrinthe vertical : « un labyrinthe typiquement américain », songea Richards). Des hommes apparurent, poussant des caddies marqués S, M, L, et XL. Richards choisit un XL (mieux valait prendre trop grand que d’être gêné dans ses mouvements) ; il lui allait parfaitement. Le tissu était à la fois épais et doux, un peu comme de la soie, mais plus solide. Il y avait une fermeture à glissière en plastique sur le devant, et l’insigne des Jeux sur la poche-poitrine droite. Lorsque tous les membres du groupe les eurent revêtus, Richards eut l’impression d’avoir perdu son identité.

— Par ici, s’il vous plaît.

L’homme en blouse blanche les emmena dans une nouvelle salle d’attente. Derrière l’inévitable Libertel caquetant, il y avait la tout aussi inévitable pancarte PAR ICI avec sa flèche rouge.

— On vous appellera par groupe de dix, annonça l‘homme.

Ils s’assirent. Au bout d’un moment, Richards alla regarder par la fenêtre. Ils étaient plus haut, mais il faisait toujours aussi gris et pluvieux. Il se demanda ce que faisait Sheila.

Compte à rebours...
092

A 10h 15, il franchit la porte avec un groupe. Ils avançaient en file indienne, chacun montrant sa carte. La salle était presque luxueuse : murs revêtus de panneaux de liège, moquette (les pieds de Richards avaient du mal à s’habituer à cette sensation nouvelle), éclairage indirect. Des cloisons la divisaient en dix cellules. Des haut-parleurs invisibles diffusaient de la musique douce.

L’homme à la blouse lui dit quelque chose.

— Pardon ? fit Richards, tiré de ses réflexions.

Cabine six, répéta l’homme sur un ton réprobateur.

— Bien.

Dans la cabine, il y avait une chaise et une table. Sur celle-ci, étaient posés un crayon GA-IBM et une liasse de feuilles de papier jaunâtre. Sur le mur, à hauteur d’œil, une grosse horloge.

A côté de tout cela, se tenait une prêtresse de l’ère informatique, une éblouissante blonde aux formes généreuses, vêtue d’un short fluorescent qui dessinait nettement le triangle de son pubis. Ses mamelons très maquillés pointaient insolemment à travers les mailles d’un corsage en résille.

— Asseyez-vous, je vous prie, dit-elle. Je suis Rinda Ward, votre examinatrice.

Elle lui tendit la main. Encore tout éberlué, Richards la serra avec précaution.

— Benjamin Richards.

— Je peux vous appeler Ben ?

Le sourire était séducteur mais anonyme. Richards ressentit exactement le désir impersonnel qu’il était censé ressentir pour cette femelle qui exhibait sans vergogne son corps bien nourri. Cela l’irrita. Il se demanda si elle prenait son pied de cette façon, en s’exhibant devant des pauvres mecs en route pour le hachoir à viande.

— Bien sûr, dit-il. Jolis nichons.

— Merci, dit-elle sans se formaliser.

Il s’était assis ; l’angle sous lequel il la voyait maintenant était encore plus... intéressant, ou embarrassant, au choix.

— Nous allons aujourd’hui tester vos facultés mentales, de la même façon que l’examen médical que vous avez subi hier testait votre corps. Le test sera assez long. Un déjeuner sera servi vers 15 heures... à moins que vous ne soyez recalé. (Le sourire s’évanouit un instant puis revint de plus belle.) Nous allons commencer par l’épreuve de lettres. Vous avez exactement une heure. Vous pouvez poser des questions durant l’examen, et j’y répondrai si j’en ai le droit. Je ne peux évidemment pas vous donner les réponses aux questions du dossier. Vous avez compris ?

— Oui.

Elle lui tendit un mince dossier. Sur la couverture, était imprimée une grande main de couleur rouge ainsi que le mot : STOP ! Au-dessous, en petits caractères :
N’ouvrez pas le dossier avant que l‘examinateur ne vous le dise
.

— Bigre ! dit Richards.

— Pardon ?

Les sourcils minutieusement épilés se levèrent d’un cran.

— Rien.

— En ouvrant le dossier, vous trouverez un feuillet spécial pour marquer vos réponses, récita-t-elle. Ecrivez lisiblement, en appuyant bien. Si vous désirez changer une réponse, gommez-la soigneusement. Si vous ignorez une réponse, ne mettez rien ; n’essayez pas de
deviner
. Vous avez compris ?

— Oui.

— Bien. Ouvrez, prenez le feuillet un et commencez. Lorsque je dirai « Stop », posez le crayon. Vous pouvez commencer.

Au lieu de commencer, il regarda insolemment les formes offertes de la fille. Au bout d’un moment, elle rougit.

— Votre heure a commencé, Ben. Vous feriez mieux...

Richards l’interrompit :

— Pourquoi croyez-vous tous que ceux qui habitent au sud du Canal sont des débiles mentaux en rut ?

Complètement désarçonnée, elle ne put que balbutier :

— Je... Je n’ai jamais...

— Non, jamais, dit Richards en souriant. Vous êtes vraiment aussi bouchés les uns que les autres !

Il prit le crayon et se mit au travail, tandis qu’elle essayait de s’expliquer l’agressivité soudaine de Richards ; selon toute probabilité, elle ne comprenait réellement pas.

La première partie consistait à compléter des phrases.

1. ― Une... ne fait pas le printemps. a) pensée b) bière c) hirondelle d) attaque e) autre mot.

Il termina la feuille rapidement, ne s’interrompant presque jamais pour réfléchir. Ensuite, il y avait une épreuve de vocabulaire, et une autre consistant à donner les contraires d’une série de mots. Lorsqu’il eut fini, il lui restait encore vingt minutes, mais elle refusa de prendre sa feuille : légalement, il ne pouvait pas la remettre avant que l’heure fût écoulée. Il croisa donc les mains derrière la nuque et passa tout ce temps à examiner, sans un mot, son corps presque nu. Elle commençait manifestement à regretter de ne pas avoir un manteau à jeter sur ses épaules.

L’heure écoulée, elle lui donna un second dossier. Sur la première feuille, il y avait un dessin représentant un carburateur, accompagné du texte suivant :

1. ― Mettriez-vous ceci dans un (ou une) : a) tondeuse à gazon b) Libertel c) hamac électrique d) automobile e) aucun de ces objets.

Le troisième examen était une épreuve de maths. Les chiffres n’étaient pas le fort de Richards. Il sua sang et eau pour ne pas prendre de retard, et n’eut finalement pas le temps de terminer la dernière question. En prenant sa feuille, Rinda Ward eut un sourire un peu trop accentué.

— Vous avez été moins rapide, cette fois, Ben.

— Mais les réponses sont bonnes, vous en faites pas, dit-il en lui rendant son sourire. (Se penchant sur sa chaise, il lui donna une petite tape sur les fesses.) Allez prendre une douche, mignonne. Vous avez bien travaillé.

Elle rougit jusqu’aux oreilles.

— Je pourrais vous faire disqualifier !

— A d’autres ! Vous pourriez vous faire flanquer dehors, voilà tout.

— Sortez ! Allez vous remettre en rang !

Elle était au bord des larmes. Pour un peu, il aurait eu pitié d’elle mais il ne céda pas à cette tentation. Au contraire, il insista :

— Passez une bonne soirée, mon chou. Allez dans un restaurant chic avec votre petit copain de la semaine. Entre les langoustines et le steak, vous pourrez penser à ma fille de dix-huit mois qui est en train de crever de la grippe dans un deux-pièces miteux.

Le visage blanc comme un linge, elle le regarda s’éloigner.

Son groupe de dix avait été réduit à six candidats. Ils passèrent dans la salle suivante. Il était 1 h 30.

Compte à rebours...
091

Le docteur assis en face de lui dans l’étroite cabine portait de petites lunettes rondes aux verres très épais. Avec son sourire satisfait et déplaisant, il rappelait à Richards un doux crétin qu’il avait connu quand il était gosse. Son passe-temps favori était de s’accroupir sous les tables pour regarder sous les jupes des filles en se tapant une branlette. Richards se mit à sourire.

— Il y a quelque chose de drôle ? demanda le docteur, dont le vilain rictus s’élargit imperceptiblement.

— Oui. Vous me rappelez une personne que j’ai connue dans le temps.

— Ah bon ? Qui ?

— Peu importe.

— Comme vous voudrez. (Le docteur leva une feuille portant une grosse tache d’encre.) Que voyez-vous ici ?

Richards regarda la feuille. Un brassard gonflable avait été fixé à son bras, et plusieurs électrodes à son crâne. Le tout était relié par des fils à une console. Des lignes zigzaguaient sur un écran.

— Deux femmes noires. Elles s’embrassent.

Le docteur leva une autre feuille.

— Et ici ?

— Une voiture de sport. On dirait une Jag.

— Vous aimez les voitures à essence ?

Richards haussa les épaules.

— Quand j’étais petit, j’avais une collection de modèles réduits.

Le docteur prit quelques notes, puis leva une troisième feuille.

— Une personne malade. Elle est couchée sur le côté. Les ombres sur son visage ressemblent à des barreaux de prison.

— Et sur cette dernière ?

Richards éclata de rire.

— Un gros tas de merde !

Il imaginait le docteur, avec sa blouse blanche, se branlant à plat ventre sous une table. Le sourire bête et méchant du docteur rendait la vision plus réaliste. Richards eut un dernier hoquet de rire et se calma.

— Je suppose que vous ne tenez pas à me dire... ?

— Non, répondit Richards. Je n’y tiens pas.

— Soit. Poursuivons. Associations de mots.

Il ne se donna pas la peine de lui expliquer en quoi cela consistait. Apparemment, l’information circulait. Tant mieux. Cela évitait d’inutiles pertes de temps.

— Prêt ?

— Prêt.

Le docteur mit un chronomètre en marche et consulta une liste, un stylo-bille à la main.

— Médecin.

— Nègre, dit Richards.

— Pénis.

— Queue.

— Rouge.

— Noir.

— Argent.

— Poignard.

— Fusil.

— Meurtre.

— Gagner.

— Argent.

— Sexe.

— Tests.

— Barrer.

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